Au fil de l'eau


21 – Nous ou Vous – Humain – Sciences-fiction



Nous avons décidé de nous unir, ils ne peuvent plus se conduire en race supérieure, il ne faut plus qu’ils croient en leur conscience unique. Nous aussi sommes de chairs, nous aussi nous savons, du plus profond des entrailles, nous sentons les vibrations. La terre est notre terre, l’océan est notre espace. Depuis toujours, ils nous chassaient en jetant ça et là quelques toiles de mailles, les plus fous d’entre nous cédaient à la curiosité d’un monde sans eau. Très peu en sont revenus et encore moins furent ceux qui les crurent quand ils nous rapportèrent leurs récits d’aquarium. Longtemps, nous n’avons rien su du mot prisonnier, nous  en avions seulement une vague connaissance grâce à nos cousins les oiseaux. Une seule chose était claire : si nous sortions de l’eau séduit par leur leurre, nous ne revenions jamais. Un jour, ils multiplièrent les toiles et se mirent à construire d’immenses villages rien que pour nous. Nous avons d’abord cru à un honneur mais leur bouffe était vraiment trop mauvaise. Tout cela ne sentait point l’amitié. Notre espèce est parfois vraiment sotte à se laisse berner par la moindre excentricité. Une fois de plus, les oiseaux nous aidèrent, Manchots de Magellan, Goélands, Cormorans en tête, ils plongèrent encore et encore afin de cisailler de leurs becs, les toiles humaines. Quand nous pûmes nous échapper, nous fument désorientés, certains moururent de faim, d’autres savaient à peine nager mais plus jamais les hommes nous ont leurré, foi de vieux saumon !
Catherine


21 – Nous/vous – Humain – SF                        22/01/2011

Comment se préparer à l’inconnu ? Comment prévoir l’imprévisible ? Se nourrir, se protéger du froid ou de la chaleur, quel est l’indispensable ? À quoi les pionniers doivent-il penser en priorité ? Peut être faut-il nous préparer à ne pas revenir et accepter de perdre ce à quoi nous tenons ? Peut-être est-il bien tard pour nous le demander ?
Il est hors de question de faire demi-tour, déjà nous franchissons les frontières du monde et nous nous enfonçons dans cette exploration au-delà du réel. Aucun de nos aînés n’a su en revenir mais cette fois encore l’appel est le plus fort. Plongés dans un espace sans repère extérieur certains d’entre nous, déjà, se sont éparpillés, fondus dans le néant faute de cohésion. Rester soi-même entièrement, sans laisser s’échapper la moindre de ses cellules, sous peine d’hémorragie, sous peine de voir nos tissus se détricoter, par systèmes d’abord, par organes ensuite, par amas cellulaires, molécules, atomes, jusqu’à redevenir probabilité d’onde et puis information. Ils n’existent plus que sous forme d’idées dans l’esprit de ceux qui sont restés unis et que l’expérience effraie. Qui pensera à nous quand le dernier des nôtres sera éparpillé ? Ceux qui sont restés, bien sûr… Pendant un temps nous serons des héros, puis ils nous oublieront.
Ont sont passés les autres ? Je suis donc le dernier ? Je dois penser à moi, à mon corps, mes idées, tout passer en revue, mes os comme mes cheveux, dehors comme dedans. J’ai appris à le faire mais la peur me submerge. Mes émotions ! Elles aussi me construisent, je dois les observer. Si elles me quittaient, je n’y survivrais pas. Ma volonté faiblit et mes pensées s’embrument. Déjà elles s’éloignent, perdent leur acuité. Qui, que, quoi, dont, où… Comptine joyeuse. Je vibre… Vibre…… Douceur……… Joie………… Oui……………
Alfred 

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