Couleurs 3 - Perec



Atelier du 29 novembre 2011 : 
Hommage à Georges Perec

« Je n’aimerais pas vivre … mais parfois, si. »

Je n’aimerais pas vivre, je n’aimerais pas mourir mais parfois, si. 
Je n’aimerais pas vivre aux crochets de l’autre mais parfois, si. 
Je n’aimerais pas vivre en Italie mais parfois, si. 
Je n’aimerais pas vivre et laisser mourir mais parfois, si. 
Je n’aimerais pas vivre sans toi mais parfois, si. 
Je n’aimerais pas vivre sans toit mais parfois, si. 
Je n’aimerais pas vivre sans moi mais parfois, si. 
Je n’aimerais pas vivre sans mois mais parfois, si. 
Je n’aimerais pas vivre sans sol mais parfois, si. 
Je n’aimerais pas vivre sans marteau mais parfois, scie. 
Je n’aimerais pas vivre sans poisson mais parfois, scie. 
Je n’aimerais pas vivre au rabais mais parfois, si. 
Je n’aimerais pas vivre sans filtre mais parfois, si. 
Je n’aimerais pas vivre sans histoire mais parfois, si. 
Je n’aimerais pas vivre sans fin mais parfois, si. 
Je n’aimerais pas vivre sans manger mais parfois, si. 
Je n’aimerais pas vivre sans avoir vu Syracuse mais parfois, si. 
Je n’aimerais pas vivre dans une routine étouffante qui assurerait ma sécurité mais parfois, si. 
Je n’aimerais pas vivre à petit feu mais parfois, si. 
Je n’aimerais pas vivre sans foi ni loi mais parfois, si. 
Je n’aimerais pas vivre une autre vie que la mienne mais parfois, si. 
Je n’aimerais pas vivre sans les apéros festifs de Marie-Andrée mais parfois, si. 
Je n’aimerais pas vivre pour rien mais parfois, si. 
Je n’aimerais pas vivre inconnu de tous et privé de succès mais parfois, si. 





Sensations et mots sur des couleurs

Bleu :
Le petit nouveau, tendre comme un agneau qui va se faire croquer par le méchant sergent.
Le témoin d’un mauvais coup.

Blanc :
Drapeau immaculé, linceul et sports d’hiver, il est virginité.
Le partenaire bien frais pour boire un coup.

Vert :
Irlande et pâturages, jeunesse et moisissure, il fait parfois grincer les dents ou bien crisser les pneus.
Le signal du départ et de la permission

Orange :
Le soleil de l’hiver en jus vitaminé.
Le danger n’est pas loin, nous voilà prévenus. Après, pas de quartier, les carottes sont cuites.

Rouge :
Plus rien ne bouge, tout est figé. Les jeux sont faits, rien ne va plus. On transpire à grosses gouttes et seul rest l’espoir.

Jaune :
Poussin, nain, canari. Il est l’heure même si le temps est compté. Ça tache et ça attache. Les blés sont coupés.

Violet :
Ultra toulousain et deuil en grande pompe. Violence, passage en force radical.

Noir :
Trou, fin et le trésor au bout de l’ombre. Chaleur, soleil et bonne mine de charbon.
Et à l’or ? Jaillissement dans le désert et marée de mort.

Rose :
Défi de fille, ruban, poupée et teint frais. Il joue sur les joues et les fesses das petites cochonnes.
Une fleur qui s’épanouit aux teintes infinies pour d’infinis bouquets au parfum d’amour tendre, ou pas !



Texte
Monologue intérieur
Incipit : un  « Je n’aimerais pas vivre … mais parfois, si. » choisi parmi les précédents.
Insérer trois des textes des couleurs parmi les neuf précédents
Titre : La couleur des sentiments


LA COULEUR DES SENTIMENTS

            Je n’aimerais pas vivre une routine étouffante qui assurerait ma sécurité mais parfois, si. Je serais prêt à jouer le petit nouveau, tendre comme un agneau qui va se faire croquer par le méchant sergent, c’est le prix à payer pour la sécurité.  Jouer les militaires pour avoir la paix, délicieux paradoxe, vous en conviendrez et moi j’en suis devenu con.
Désormais, pour moi, plus rien ne bouge. Tout est figé, les jeux sont faits, rien ne va plus. On transpire à grosses gouttes et seul reste l’espoir. L’espoir qu’il n’y ait pas la guerre mais il y en a peu. Partout, on nous y prépare : exercices physiques et alimentation saine afin de nous faire mourir en bonne santé. On nous gave de remontants et d’oranges fraîches, le soleil en hiver, jus vitaminé. Le danger n’est pas loin, nous voilà prévenus. Après, pas de quartier, les carottes sont bientôt cuites.
Peur bleue et colère nire se disputent mes tripes. Je hais ma lâcheté qui m’a conduit au pire. Je suis au fond du trou et les questions me minent. Je dois me détacher, renoncer, lâcher prise afin de moins souffrir du manque et de la perte. Ne s’accrocher à rien pour ne rien regretter et surtout pas la vie.
Mais l’amour fait des siennes et vient me tourmenter. Jour et nuit il m’obsède et vient me harceler. De mon cœur, à pleines mains, il me faut l’extirper pour enfin parvenir à m’anesthésier. Il m’échappe, me fait un pied de nez, m’en fait voir de toutes les couleurs.
J’aime comme on tombe malade.
J’aime, c’est incurable.
J’aime, je dois me pardonner.

Alfred

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